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Rhône A Marcy-sur-Anse, on "vendange en vert" pour faire face à la crise

MARCY-SUR-ANSE (Rhône), 7 sept 2004 - Gérard Presle contemple chaque pied de vigne où une douzaine de grappes seulement finissent de mûrir : dans son vignoble du Beaujolais, il est l'un des précurseurs de la "vendange en vert", une technique consistant à éliminer la moitié des raisins avant maturité pour améliorer la qualité et réduire les rendements.

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"La profession est en crise depuis 1996 et on doit redescendre au rendement maximum de 58 hectolitres par hectare fixé par le syndicat d'appellation du Beaujolais", explique ce vigneron de 47 ans de Marcy-sur-Anse (Rhône), oenologue de formation, qui exploite et vinifie lui-même ses 14 hectares. D'autant que cette année, la récolte s'annonçait "pléthorique", note-t-il.

Confrontés à une surproduction mondiale estimée à quelque 12 millions d'hectolitres, les viticulteurs du Beaujolais doivent faire face depuis 2000 à la "concurrence des vins du Nouveau Monde" et à une "baisse de la consommation". De la mi-juillet à la mi-août, "à nouaison", alors que le grain est "gros comme un plomb de chasse", Gérard Presle s'est employé à supprimer "jusqu'à une vingtaine de grappes" sur chaque pied. Une technique qui permet "de ventiler les raisins pour qu'ils pourrissent le moins possible".

"Si les grappes se touchent, elles mûrissent moins bien, l'eau reste et le botritis (pourriture, ndlr) se développe", note cet adepte de la "lutte raisonnée" contre les maladies de la vigne. "Pour une même surface de feuilles, il y a moins de grappes et comme c'est la feuille qui nourrit le raisin et fait le sucre, elle va donc mieux le nourrir", ajoute-t-il. D'où un raisin plus sucré, plus coloré, plus riche en tanin et en polyphénols, considérés comme bons pour la santé. "Quand j'ai commencé à +vendanger en vert+ en 1982, les gars me regardaient de travers. Puis ils se sont aperçus qu'au niveau qualité, je m'en sortais mieux", raconte Gérard Presle, qui préside depuis 2003 le Comité du développement du Beaujolais, un organisme visant à "vulgariser les nouvelles techniques".

"En 2002, beaucoup de vignerons de la commune ont eu de la pourriture sur les grappes, alors cette année, 90% d'entre eux ont vendangé en vert sur au moins une parcelle", souligne-t-il. Dans l'ensemble du Beaujolais, 35% des vignerons ont "vendangé en vert" cet été, selon la profession. "Aujourd'hui, on n'a plus le droit à l'erreur (...) Si on ne fait pas des efforts, le marché trie les vignerons", observe le viticulteur, qui attaquera les vendanges le 20 septembre, plus tardivement que le reste du Beaujolais en raison de l'altitude de son vignoble.

Depuis quatre ans, il pratique aussi début juillet "l'effeuillage thermique" sur les vignes plantées au nord et à l'est. Avec un radiant à gaz, il élimine ainsi "quatre ou cinq feuilles", ce qui permet d'"aérer" le pied et d'éviter aussi la pourriture. "Entre l'effeuillage, la +vendange en vert+ et l'enherbage entre les rangées de vigne pour éviter l'érosion, il n'y a plus besoin de traitement antibotritis. C'est écologique", souligne le vigneron. En 18 ans, il est ainsi passé de douze à quatre traitements phytosanitaires par an.


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